🖼️ Musée Thyssen-Bornemisza à Madrid : chefs-d’œuvre, visite guidée et conseils pratiques
À quelques pas du Paseo del Prado, au cœur du Triangle d’or de l’art madrilène, une collection unique vous tend les bras : celle du musée Thyssen-Bornemisza, joyau discret mais éblouissant, entre le classicisme du Prado et la modernité du Reina Sofía.
Ce musée, souvent considéré comme l’un des plus riches d’Europe en matière de peinture occidentale, vous embarque dans un véritable voyage pictural du XIIIᵉ au XXᵉ siècle. Ici, on traverse les siècles comme on tourne une page d’album : du gothique italien aux chefs-d’œuvre pop de Roy Lichtenstein, en passant par les nuances flamandes, les maîtres hollandais, les scènes romantiques anglaises ou les explosions de la modernité américaine.
Le Thyssen n’est pas un musée figé, mais une collection vivante, intime, presque privée, où chaque salle raconte un fragment de l’histoire de l’art. Et c’est précisément cette richesse, subtilement scénographiée dans un ancien palais madrilène, qui en fait l’un des passages obligés pour tout voyageur curieux, rêveur ou passionné d’esthétique.
Dans les lignes qui suivent, laissez-vous guider à travers l’histoire fascinante du musée Thyssen-Bornemisza et explorez les trésors qui l’entourent, de la fontaine de Neptune au monument à Miguel de Cervantes. Découvrez ensuite toutes les informations pratiques pour organiser votre visite — horaires, tarifs, visites virtuelles — avant de plonger dans une sélection commentée de 15 chefs-d’œuvre incontournables, issus de la collection permanente et de la collection Carmen Thyssen. Enfin, profitez de nos suggestions de pauses gourmandes à proximité et d’une carte interactive exclusive regroupant tous les lieux cités, les transports disponibles et bien plus encore. Préparez-vous à vivre une véritable immersion artistique en plein cœur de Madrid.
🧭 Sommaire :
-
📜 Une collection privée devenue trésor national
-
🌟 À découvrir avant de rentrer
-
ℹ️ Visiter le musée Thyssen-Bornemisza
-
🎨 Chefs-d’œuvre à ne pas manquer au musée Thyssen-Bornemisza
-
🍴 Suggestions de pause restauration près du musée Thyssen-Bornemisza
-
ℹ️ Informations pratiques
-
🎨 Conclusion
-
🗺️ Carte interactive
🧭 Sommaire :
- 📜 Une collection privée devenue trésor national
- 🌟 À découvrir avant de rentrer
- ℹ️ Visiter le musée Thyssen-Bornemisza
- 🎨 Chefs-d’œuvre à ne pas manquer au musée Thyssen-Bornemisza
- 🍴 Suggestions de pause restauration près du musée Thyssen-Bornemisza
- ℹ️ Informations pratiques
- 🎨 Conclusion
- 🗺️ Carte interactive
📜 Une collection privée devenue trésor national
L’histoire du Museo Nacional Thyssen-Bornemisza est celle d’une collection familiale exceptionnelle, patiemment assemblée par des générations de passionnés d’art, avant de devenir l’un des joyaux culturels de l’Espagne.
Tout commence au XXᵉ siècle, avec le baron Heinrich Thyssen-Bornemisza (1875–1947), magnat germano-hongrois de l’acier et collectionneur éclairé. Héritier d’une lignée aristocratique cosmopolite, il réunit un premier ensemble d’œuvres anciennes, principalement flamandes, italiennes et allemandes. Mais c’est surtout son fils, Hans Heinrich Thyssen-Bornemisza (1921–2002), qui donnera à la collection son envergure mondiale. Époux de la socialite espagnole Carmen Cervera (la baronne Thyssen), il enrichit le fonds de manière spectaculaire : peinture anglaise, expressionnisme allemand, art américain du XXᵉ siècle… rien n’échappe à son regard éclectique.
À la fin des années 1980, alors que les États-Unis et d’autres pays courtisent la collection, l’Espagne saisit l’opportunité. Grâce à une négociation habile menée par l’État et la baronne, la collection principale est acquise en 1993, avec un accord complémentaire pour une partie des œuvres personnelles de Carmen Thyssen (toujours exposées en rotation).
Le cadre du musée est à la hauteur de sa collection. Le bâtiment principal est le Palacio de Villahermosa, un palais urbain du XVIIIᵉ siècle, construit dans le style néoclassique madrilène. Jadis résidence aristocratique, il est rénové avec soin entre 1989 et 1992 par l’architecte Rafael Moneo, lauréat du prix Pritzker. L’enjeu : créer un dialogue fluide entre histoire et modernité, lumière naturelle et conservation muséale.
Le résultat est remarquable : parcours chronologique clair, volumes aérés, boiseries chaleureuses, sols en marbre et parquet, et un éclairage subtil qui accompagne le visiteur sans jamais voler la vedette aux œuvres.
Aujourd’hui, le Thyssen se compose de trois volets :
-
La collection permanente (au cœur du musée), achetée par l’État.
-
Les œuvres de la collection Carmen Thyssen, présentées en rotation.
-
Les expositions temporaires, souvent audacieuses et transversales.
Ce triptyque, unique en son genre, fait du musée un lieu de continuité artistique, mais aussi de contraste, où l’ancien flirte sans crainte avec le contemporain.
🌟 À découvrir avant de rentrer
Avant même de franchir les portes du musée Thyssen-Bornemisza, trois éléments monumentaux attirent le regard et méritent qu'on s’y attarde quelques instants : ils forment comme un préambule sculptural et symbolique à la visite.
⛲ Fuente de Neptuno — Le dieu des mers au cœur de Madrid
Située en contrebas du musée, sur la Plaza de Cánovas del Castillo, la Fontaine de Neptune (Fuente de Neptuno) est l’une des plus emblématiques de Madrid. Commandée à la fin du XVIIIᵉ siècle sous le règne de Charles III, elle fait partie d’un ensemble de fontaines monumentales dédiées aux dieux de l’Antiquité.
Réalisée entre 1780 et 1786 par le sculpteur Juan Pascual de Mena, la fontaine représente Neptune, dieu des mers, debout sur un char en forme de coquillage tiré par deux chevaux marins. Il tient de sa main gauche un trident et de la droite un serpent marin, symboles de son pouvoir sur les eaux. Le bassin, de forme circulaire, est entouré de dauphins et de créatures mythologiques.
C’est aujourd’hui un lieu de rassemblement bien connu des supporters de l’Atlético de Madrid, mais aussi un point central du quartier des arts, entouré de trois institutions majeures : le Prado, le Reina Sofía… et le Thyssen.
🕊️ Monument aux morts pour l’Espagne — Une mémoire sculptée
Sur le trottoir juste en face de l’entrée principale du musée, se trouve un ensemble discret mais profondément chargé de sens : le Monumento a los Caídos por España, autrement dit le Monument à ceux tombés pour l’Espagne.
Inauguré en 1840 puis remanié à plusieurs reprises, ce monument rend hommage aux soldats espagnols morts au combat, toutes guerres confondues. Il se compose d’une stèle verticale ornée de guirlandes, surmontée d’une croix, et souvent décorée de fleurs ou de drapeaux lors de cérémonies officielles.
Simple, sobre, presque silencieux, il invite à la réflexion et s’inscrit dans l’environnement du musée comme un rappel que l’art et l’histoire sont aussi des miroirs des luttes, des espoirs et des sacrifices d’un peuple.
🟢 Statue de Miguel de Cervantes
Juste en face de l’entrée du Museo Thyssen-Bornemisza, sur la Plaza de las Cortes, se dresse fièrement la statue de Miguel de Cervantes, hommage au plus grand écrivain espagnol de tous les temps. Inaugurée en 1835, cette œuvre en bronze réalisée par Antonio Solá représente l’auteur de Don Quichotte debout, la main gauche tenant un parchemin, en geste d’adresse à ses lecteurs, tandis que son regard semble scruter l’horizon intellectuel de l’Espagne.
Le socle de granit arbore une plaque dédiée à “Miguel de Cervantes Saavedra”, avec en relief les symboles de la littérature, et une ornementation sobre mais solennelle. L’œuvre est installée sur une petite place arborée qui crée un cadre propice à la contemplation, au cœur du quartier littéraire du Barrio de las Letras. À quelques pas seulement du musée, ce monument fait le lien entre la culture picturale du Thyssen et le génie littéraire espagnol.
👉 À ne pas manquer : la perspective offerte par la Calle del Prado, avec en arrière-plan les façades élégantes du Congrès des députés — un décor qui renforce la dimension civique de ce monument emblématique.
ℹ️ Visiter le musée Thyssen-Bornemisza : Horaires et tarif |
|
---|---|
🕒 Horaire |
|
💶 Tarif |
|
🏷️ Réduction | Etudiants et personnes de plus de 65 ans : 10 € |
🆓 Entrée gratuite |
|
🎟️ Billetterie | En ligne |
⌛ Durée | Entre 1h15 et 3h30 |
🎥 Visites virtuelles |
Envie d'explorer le musée sans quitter votre fauteuil ? Le musée Thyssen-Bornemisza propose deux visites virtuelles immersives, gratuites et interactives. Promenez-vous librement entre les salles, zoomez sur les œuvres, et découvrez chaque chef-d’œuvre à votre rythme, comme si vous y étiez.🖼️ Collection permanente🎨 Collection Carmen Thyssen |
🎨 Chefs-d’œuvre à ne pas manquer au musée Thyssen-Bornemisza
Avant de commencer cette promenade guidée à travers les plus grandes œuvres du musée Thyssen-Bornemisza, voici un plan illustré du parcours. Chaque tableau présenté ci-dessous y est localisé selon sa salle et son étage, pour vous offrir une véritable visite pas à pas, comme si vous étiez accompagné d’un guide privé. Ce plan vous aidera à mieux visualiser la disposition des œuvres, à anticiper votre parcours ou à enrichir votre visite virtuelle.
Suivez ce parcours guidé à travers les salles du musée Thyssen-Bornemisza, en découvrant quinze œuvres majeures réparties sur plusieurs étages. Chaque salle vous plonge dans une époque, un style, un regard sur l’histoire de l’art. Laissez-vous guider.
Plan des chefs-d’œuvre au musée Thyssen-Bornemisza de Madrid
1- Portrait de Giovanna Tornabuoni — Domenico Ghirlandaio (1488, tempera sur panneau, 77 × 49 cm)
↑ voir sur le plan
📍 2ᵉ étage, salle 5 – Section Portraits de la Renaissances
À votre arrivée dans la salle 5 — un espace lumineux au sol en marbre clair et aux murs couleur crème — se dégage une atmosphère paisible, propice à la réflexion. En face, la jeune Giovanna Tornabuoni, figée de profil, capte votre attention. Peinte en 1488 par Domenico Ghirlandaio, elle porte les signes d’une noblesse florentine éteinte : les deux « L » brodés de son mari Lorenzo, une broche délicatement sertie de rubis et perles, et une guirlande de chapelet en corail — symbole de piété et de protection divine.
L’œuvre, réalisée peu après sa mort en couches à vingt ans, mêle raffinement matériel (brocard doré, mouchoir de soie délicat) et profondeur spirituelle (livre d’heures entrouvert, inscription latine façon épigramme). Le message de Ghirlandaio est limpide : rendre éternelle la mémoire de Giovanna, tant par la beauté que par la vertu.
2- Portrait d’Henri VIII d’Angleterre — Hans Holbein le Jeune (vers 1537, détrempe sur panneau, env. 183 × 105 cm)
📍 2ᵉ étage, salle 5 – Section Portraits de la Renaissance
Toujours dans la même salle, vous tournez légèrement vers un autre pouvoir, tout aussi imposant : Henri VIII, campé face à face avec vous. Ce portrait magistral de Hans Holbein le Jeune incarne le pouvoir Tudor — le costume somptueux, les épaules larges, le port ferme, la stylisation claire typique de la Renaissance du Nord.
Holbein saisit toute la présence du roi — d’un trait presque géométrique — tout en rendant compte de sa psychologie : la main sur la hanche, le regard franc, l’assurance d’un monarque qui a aboli les monastères pour asseoir sa domination. Ce portrait incarne l’Art comme reflet du pouvoir absolu et de l’identité politique.
3- Jeune chevalier dans un paysage — Vittore Carpaccio (v. 1505, huile sur toile, 218,5 × 151,5 cm)
📍 2ᵉ étage, salle 7 – Section Peinture italienne du XVIᵉ siècle
À deux pas de la salle 5, la salle 7 s’ouvre devant vous, ses murs ornés de tons doux, évoquant le départ d’un voyage. Ici trône un portrait en pied, ample, énigmatique : le Jeune chevalier dans un paysage peint par Vittore Carpaccio. Ce qui frappe d’emblée, c’est la présence stoïque du sujet : vêtu d’armure, bonnet léger, main reposant sur l’épée, il semble gardien d’un territoire intemporel.
Autour de lui, un cortège silencieux d’animaux — paon, cerf, héron, chien — et de végétation luxuriante, chacun porteur d’un symbole moral (immortalité, fidélité, pureté), déploie un univers symbolique complexe. Le cartellino indique : Malo mori quam foedari (« Mieux vaut mourir que se couvrir de honte »), accentuant la dimension chevaleresque et tragique. Selon le Thyssen, cette œuvre, datée de 1505–1510, est le tout premier portrait en pied conservé en Europe. Elle a fait l’objet d’une restauration récente visible dans cette salle, avec une scénographie qui met en lumière les détails de la signature et les radiographies.
4- Jésus parmi les docteurs — Albrecht Dürer (1506, huile sur panneau, 64,3 × 80,3 cm)
📍 2ᵉ étage, salle 8 – Section Peinture allemande XVᵉ–XVIᵉ siècle
Traversant la mezzanine, la salle 8 s’anime autour d’une scène biblique humaine et intense : Jésus parmi les docteurs, tableau de Albrecht Dürer, peint en seulement cinq jours lors de son voyage à Venise en 1506.
Le regard capte immédiatement ce moment de tension : le jeune Jésus de douze ans, debout au centre, discute avec les sages du Temple. Dürer, humaniste inspiré, oppose la pureté de l’enfance à la sagesse parfois caricaturale des docteurs — certains semblent surpris, d’autres perplexes, leurs gestes exagérés renforcent le contraste. Un détail subtil : la main ouverte et posée sur le texte ancien, signe que la parole divine peut aussi s’incarner dans l’écrit. L’éclairage doux et la composition compacte rendent la scène à la fois dramatique et intime, fidèle au style nordique du début du XVIᵉ siècle .
5- Le Grand Canal depuis San Vio, Venise — Canaletto (v. 1723–1724, huile sur toile, 140,5 × 204,5 cm)
📍 2ᵉ étage, salle 17 – Section « Vedute vénitiennes »
En entrant dans la salle 17, vous êtes accueillis par l’atmosphère paisible de Venise au XVIIIᵉ siècle. Devant vous s’étire le Grand Canal, vu depuis le Campo San Vio, peint par Canaletto, maître incontesté des vedute. La toile, acquise en 1958, figure parmi ses premières vues — reconnaissable à la perspective élevée et à la précision presque photographique des architectures.
Le ciel limpide, les marbres des Procuratie et le doux reflet de l’eau sous les bâtiments créent une harmonie visuelle parfaite. Le campanile Saint-Marc se détache verticalement, rompant l’horizontale des bâtiments. On discerne une femme à une fenêtre, un homme nettoyant une cheminée — détails qui donnent vie à la scène. Une vitrine interactive montre aussi une animation sur la conservation des ornements vénitiens.
6- Groupe familial dans un paysage — Frans Hals (1645–1648, huile sur toile, env. 175 × 255 cm)
📍 1er étage, salle 23 – Portraits baroques néerlandais
Dans la salle 23, baignée d’une lumière diffuse, ce portrait de famille de Frans Hals respire la vie. Contrairement aux portraits formels de son époque, Hals choisit ici une composition plus détendue, presque spontanée. Le père, légèrement tourné vers les siens, regarde le spectateur avec bienveillance. La mère, assise, entoure d’un bras protecteur un enfant au sourire espiègle.
La scène se déroule en extérieur, un paysage de campagne verdoyant en arrière-plan, comme une extension naturelle de l’harmonie familiale. La touche rapide mais précise de Hals capte la vitalité des expressions, des gestes, des tissus. Il parvient à insuffler dans cette toile une dimension presque cinématographique, où chaque personnage semble respirer. C’est un témoignage rare d’intimité bourgeoise hollandaise au Siècle d’or, empreint de chaleur et d’humanité.
7- Autoportrait à la toque et deux chaînes — Rembrandt van Rijn (vers 1642–1643, huile sur panneau, 71 × 55 cm)
📍 1er étage, salle 27 – Maîtres hollandais du XVIIᵉ siècle
Dans la salle 27, un regard intense vous transperce : celui de Rembrandt, se représentant avec une dignité tranquille. Coiffé d’une toque de velours brun et orné de deux chaînes dorées — symboles de prestige artistique — l’artiste nous offre un portrait introspectif à mi-chemin entre grandeur et vulnérabilité.
Peint au sommet de sa carrière, cet autoportrait mêle rigueur du trait et souplesse de la matière. Les ombres s’enroulent autour du visage, le clair-obscur typique de Rembrandt modèle les rides, les doutes, la sagesse. Il ne cherche pas à flatter son image : il scrute, questionne. C’est un tableau miroir, à la fois confession et affirmation. La pose est inspirée des portraits d’apparat italiens — mais la vérité qui s’en dégage est profondément humaine.
8- Ballerine basculante (Ballerine verte) — Edgar Degas (1877–1879, pastel et gouache sur papier, 64 × 36 cm)
📍 1er étage, salle 33 – Impressionnisme français
Dans la salle 33, la légèreté du papier répond à la légèreté du pas. Cette ballerine en mouvement, captée au milieu d’un déséquilibre gracieux, est l’une des figures les plus sensibles d’Edgar Degas. Contrairement à ses peintures d’ensemble, ici, une seule danseuse est visible, dans un mouvement arrêté comme par miracle. Les autres figures sont esquissées, évanescentes, hors champ.
Le vert vibrant du tutu tranche avec le fond rose pâle, créant une tension colorée. La texture du pastel, appliqué en couches fines ou épaisses, évoque la souplesse du tissu, la chaleur du corps. Degas, fasciné par le monde du ballet, cherche ici à traduire l’instant, la fatigue, l’élan suspendu, plus qu’un portrait idéalisé. C’est à la fois une étude du mouvement et un hommage à la beauté éphémère.
9- Les Vessenots à Auvers — Vincent van Gogh (1890, huile sur toile, 49,5 × 93,5 cm)
📍 1er étage, salle 34 – Postimpressionnisme
Quelques semaines avant sa mort, Van Gogh peint ce paysage d’Auvers-sur-Oise, non loin de l’auberge où il vivait. La toile, allongée comme une frise, est traversée par des vagues de champs jaunes et verts, des maisons modestes aux toits orangés, des arbres isolés — un monde rural saisi dans sa simplicité.
Mais sous cette apparente tranquillité palpite une émotion puissante : chaque touche semble un souffle, chaque forme une pulsation. Van Gogh peint ici le silence, l’enracinement, la fin de parcours. La composition horizontale évoque presque un dernier regard. C’est un tableau de paix inquiète, de solitude lumineuse, profondément bouleversant.
10- Homme assis — Paul Cézanne (1905–1906, huile sur toile, 92 × 73 cm)
📍 1er étage, salle 41 – Vers le cubisme
Dans la salle 41, sobre et silencieuse, un homme anonyme est assis, frontalement, comme une figure sculptée. Le regard semble absent, ou tourné vers l’intérieur. Cézanne, dans ses dernières années, cherche à décomposer la réalité en formes géométriques stables — ici, les jambes croisées, le torse droit, les épaules massives.
La palette est réduite à l’essentiel : bleus, bruns, beiges. Chaque coup de pinceau construit, plutôt que décrit. Le fond se fond dans le personnage, les contours sont fondus ou soulignés. Ce n’est plus un simple portrait : c’est un exercice d’équilibre entre observation et abstraction, annonçant le cubisme de Picasso. Une œuvre à la fois silencieuse et révolutionnaire.
11- Arlequin au miroir — Pablo Picasso (1923, huile sur toile, 100× 81 cm)
📍 1er étage, salle 45 – Section Peinture du XXᵉ siècle (entre-deux-guerres)
Dans cette toile étonnante issue de sa période néoclassique, Pablo Picasso revisite la figure de l’arlequin — l’un de ses sujets fétiches — en lui conférant une dimension presque introspective. Arlequín con espejo (Arlequin avec un miroir) place au centre un personnage théâtral vêtu d’un costume coloré, tenant un petit miroir circulaire dans une main, tandis que son regard semble perdu dans une rêverie silencieuse. Derrière ce masque en apparence joyeux se cache un portrait empreint de mélancolie. Ce tableau a été interprété comme une représentation symbolique de Picasso lui-même, à une époque où il se tourne vers un style plus monumental et classique, influencé par son voyage en Italie après la Première Guerre mondiale.
L’œuvre combine une structure formelle rigoureuse et un traitement pictural qui évoque la sculpture antique. La composition est frontale, presque figée, comme si l’arlequin posait pour une photographie figée dans le temps. Le miroir qu’il tient dans la main droite pourrait symboliser une quête d’identité ou une réflexion sur l’image de l’artiste lui-même. Cette peinture marie l’héritage du cubisme avec une approche plus épurée, marquant une étape-clé dans l’évolution stylistique de Picasso au début des années 1920. Elle figure parmi les pièces majeures de la Colección Carmen Thyssen et clôt avec justesse la série d’œuvres de l’entre-deux-guerres dans cette salle du musée.
12- Femme dans le bain — Roy Lichtenstein (1963, acrylique sur toile, 152 × 122 cm)
📍 1er étage, salle 52 – Pop Art
Ultime étape de la collection permanente avant de rejoindre la collection Carmen Thyssen : Roy Lichtenstein vous projette dans une case de bande dessinée agrandie à l’échelle du musée. Une femme stylisée, nue dans son bain, entoure son visage d’une main tendue. Son regard est fixe, presque dramatique, mais les points Benday, les couleurs vives, le style neutre empêchent toute émotion réelle.
C’est précisément ce paradoxe qui fait la force du tableau : Lichtenstein joue avec la superficialité, la stylisation extrême, l’illusion du récit. L’eau est faite de traits bleus, les ombres sont des aplats. Il détourne les codes du roman graphique féminin et les élève au rang d’art conceptuel. Une manière brillante de clore la visite en confrontant le visiteur à l’image de masse, à l’émotion factice, à l’esthétique industrielle.
13- Piazza Navona, Rome — Caspar van Wittel (Vanvitelli) (1699, huile sur toile, 56 × 132 cm)
📍 1er étage, salle A, Collection Carmen Thyssen
Vous pénétrez dans une salle baignée de lumière, dédiée aux vues urbaines du Grand Tour. Là, devant vous s’ouvre l’une des plus célèbres places d’Italie : la Piazza Navona, peinte en 1699 par Caspar Adriaansz van Wittel, plus connu sous le nom de Vanvitelli. Peintre néerlandais établi à Rome, il est considéré comme le précurseur du vedutisme italien, bien avant Canaletto.
La scène s’étend comme une photographie panoramique : l’église baroque Sant’Agnese in Agone se dresse à gauche, la fontaine des Quatre-Fleuves au centre, le marché animé en contrebas. Vanvitelli utilise une perspective rigoureuse et un réalisme minutieux, tout en capturant l’ambiance vibrante de la Rome du XVIIᵉ siècle. On y ressent le souffle d’une ville éternelle, entre faste religieux et vie quotidienne.
14- Chemin de Versailles à Louveciennes, sol d’hiver et neige — Camille Pissarro (1870, huile sur toile, 54 × 92 cm)
📍 1er étage, Salle D, Collection Carmen Thyssen
Changement d’atmosphère : la neige étouffe les sons, le ciel est bas, les arbres sont nus. Dans cette scène hivernale peinte par Camille Pissarro, pionnier de l’impressionnisme, le chemin de Versailles à Louveciennes semble désert, presque suspendu. Les touches de peinture sont rapides, presque floues, traduisant la lumière blafarde d’un sol enneigé sous un soleil voilé.
Cette œuvre est l’un des rares témoignages de la période de Pissarro avant la guerre franco-prussienne, qui l’obligera à fuir en Angleterre. Elle résume à merveille sa capacité à saisir la tranquillité rurale, l’impression fugace d’un moment de silence glacé. À observer lentement, comme un souffle d’hiver sur la toile.
15- Mata Mua (Il était une fois) — Paul Gauguin (1892, huile sur toile, 91 × 69 cm)
📍 1er étage, salle F, Collection Carmen Thyssen
Enfin, dans une salle aux murs rouges intenses, un tableau attire tous les regards : Mata Mua (Il était une fois), chef-d’œuvre de Paul Gauguin, l’un des tableaux les plus précieux de la collection Carmen Thyssen.
Peint à Tahiti en 1892, cette toile condense tous les éléments de la quête de Gauguin : l’exotisme rêvé, la couleur vibrante, la spiritualité primitive. Trois femmes polynésiennes, une flûtiste, des palmiers, un temple sacré en fond, le tout baigné dans un monde de mauve, rouge, ocre et orange. Le titre, en reo mā’ohi, signifie "il était une fois", comme un conte pictural ouvert sur un monde perdu.
Mata Mua est aussi au cœur d’un feuilleton muséal : longtemps prêté par Carmen Thyssen au musée, il a été temporairement retiré de l’exposition avant d’être réintégré. Il incarne à lui seul la tension entre collection privée et bien public — et l’un des sommets du symbolisme moderne.
🍴 Suggestions de pause restauration près du musée Thyssen-Bornemisza
Après avoir admiré les chefs-d’œuvre du musée Thyssen-Bornemisza, rien de tel qu’une halte savoureuse pour prolonger l’expérience. Le quartier regorge d’adresses conviviales, allant des terrasses ensoleillées aux tavernes traditionnelles, en passant par les brunchs créatifs ou les steakhouses raffinés. Voici une sélection de restaurants et cafés situés à quelques pas du musée, choisis pour leur qualité, leur ambiance et leur capacité à offrir une véritable immersion dans l’art de vivre madrilène. Que vous cherchiez un repas rapide ou une pause plus longue, ces établissements vous promettent un moment aussi agréable que délicieux.
🥩 La Vaca Argentina – L’art de la viande argentine en plein Madrid
C’est le paradis des amateurs de grillades : l’entrecôte de bœuf argentin, fondante et juteuse, y est une vedette incontestée. Mais le menu décline aussi de belles surprises comme le provoleta (fromage fondu aux herbes), l’empanada criolla et des garnitures généreuses. En salle comme en terrasse, on savoure une cuisine puissante et authentique, dans une ambiance tranquille et raffinée qui contraste avec le tumulte du centre. Un lieu idéal pour un déjeuner de qualité après la visite du musée Thyssen.
🍳 Brunchit – Las Letras – Pause vitaminée dans un loft lumineux
On y vient pour ses avocado toasts généreux, ses pancakes moelleux, ses œufs Bénédicte parfaitement nappés et ses jus frais pressés minute. Le flat white y est velouté, et les bowls colorés rivalisent d’esthétique et de saveurs. C’est l’endroit parfait pour une pause saine, stylée et gourmande entre deux visites culturelles, ou pour s’installer tranquillement et refaire le monde sous une verrière en sirotant un latte au lait végétal.
📍 Adresse : Pl. de Matute, 5, Centro, 28012 Madrid
💰 Prix : € – €€
🌐 Site officiel
🍕 Lamucca de Prado – Esprit bohème et cuisine généreuse à deux pas du musée
La carte, vaste et conviviale, fait la part belle aux pizzas au feu de bois, aux salades copieuses, aux tartares maison et aux burgers savoureux. Mention spéciale pour leur pizza truffe et champignons, souvent citée parmi les meilleures de Madrid. Le service est rapide, l’ambiance détendue, et les prix raisonnables pour un cadre aussi agréable. Une adresse à la fois simple et stylée, idéale pour recharger les batteries tout en gardant un pied dans l’effervescence madrilène.
🌿 Las Terrazas del Thyssen – Une pause élégante dans les jardins du musée
La carte propose une cuisine légère et soignée, idéale pour un déjeuner entre deux visites : salades fraîches, tartines créatives, desserts maison, ainsi qu’un large choix de vins et de cocktails. Le service est attentif, les tables bien espacées, et l’ambiance paisible. C’est l’endroit rêvé pour prolonger la visite du musée en prenant le temps… tout simplement.
📍 Adresse : Paseo del Prado, 8, 28014 Madrid (dans les jardins du musée)
💰 Prix : €€
🌐 Site officiel
🍰 Lola Si Mola – Le coin sucré qui fait chavirer les cœurs
À quelques minutes à pied du musée Thyssen, caché dans une petite rue tranquille du quartier de Las Letras, Lola Si Mola est un havre de douceur aux couleurs pastel, où l'on se sent comme chez soi dès les premières secondes. Ce petit café-pâtisserie au charme rétro mise sur une décoration joyeuse, des fleurs fraîches, et une vitrine pleine de gâteaux faits maison qui donnent immédiatement envie de s’attabler.C’est le spot parfait pour une pause gourmande après une visite au musée : carrot cake moelleux, cheesecake crémeux, tartes aux fruits de saison, cafés latte colorés et infusions artisanales. L’ambiance est conviviale, le service attentionné, et chaque pâtisserie est préparée avec amour. On y vient pour se faire plaisir, pour papoter, ou simplement pour savourer un moment suspendu dans un lieu cosy.
📍 Adresse : C. de las Huertas, 55, Centro, 28014 Madrid
💰 Prix : €
🌐 Site officiel
ℹ️ Informations pratiques |
|
---|---|
📍 Adresse |
P.º del Prado, 8, Centro, 28014 Madrid, Espagne
|
🚇 Métro |
Ligne 2 (station Banco de España)
|
🚆 Cercanías | Lignes C3 et C4 (gare Madrid-Sol , 10 min de marche via la Calle de S. Jerónimo) |
🚍 Bus |
Lignes : 10 - 14 - 27 - 34 - 37 - 45 - C03
(arrêt :
Neptuno – en face du musée )
|
🚲 Vélos BiciMAD | Calle del Marqués de Cubas |
💵 Tarif | À partir de 10 € (voir le tableau des horaires et tarifs) |
⏱️ Durée de visite |
Entre 1h15 et 3h30
|
💡 Conseil |
Pour profiter pleinement de votre visite, commencez par les salles de la collection permanente aux étages supérieurs, puis redescendez vers les expositions temporaires et la collection Carmen Thyssen au rez-de-chaussée. |
🎨 Conclusion : Une palette de chefs-d’œuvre au cœur de Madrid
Que vous soyez amateur d’art ancien, passionné de peinture moderne ou simple curieux en quête de beauté, le musée Thyssen-Bornemisza vous ouvre les portes d’un univers foisonnant d’émotions et de styles. Des portraits de la Renaissance aux audaces du pop art, chaque salle est une escale dans le temps, chaque œuvre une rencontre singulière. Enrichi par la collection Carmen Thyssen et encadré par les merveilles du Paseo del Arte, ce musée ne se visite pas, il se vit.
Prenez le temps de flâner, d’observer les détails, de vous attarder sur un tableau qui vous appelle — et n’oubliez pas de savourer l’instant, à l’ombre des terrasses voisines ou en poursuivant l’aventure dans les autres musées du quartier. Le Thyssen est bien plus qu’un musée : c’est une passerelle entre les époques, un voyage intime dans l’histoire de l’art.
🗺️ Carte interactive pour Explorez les environs du musée en un clin d’œil
🧭 Découvrez la carte interactive complète des lieux autour du musée Thyssen-Bornemisza, les stations de transport, les restos à proximité, et bien plus →
Commentaires
Enregistrer un commentaire